Charlie, même pas mort! Artémisia avec toi!

Parce que c’est la liberté et le dessin qu’on a assassiné, 

Parce que l’auto-censure n’est pas la solution,

Parce que malgré tout, c’est notre devoir de continuer, 

Parce que nous sommes Charlie, et que nous luttons contre la barbarie, pour le droit à l’expression et à l’imagination libre. 

Parce que nous n’avons que nos mots, nos images et nos convictions. 

Parce que se taire, c’est se résigner, 

Parce que nous résisterons, 

Nous dédions ce Prix Artémisia 2015 à la paix, à la liberté, en mémoire de nos amis et des victimes de ces massacres,  en maintenant solidairement la date symbolique de  l’anniversaire de Simone de Beauvoir, notre rendez-vous annuel, en hommage à ces attentats.

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Le jury , après délibération, a arrêté son choix sur Barbara Yelin pour son livre Irmina publié chez Actes Sud – L’An 2. Elle succède à Johanna Schipper (2008), Tanxxx et Lisa Mandel (2009), Laureline Mattiussi (2010), Ulli Lust (2011), Claire Braud (2012), Jeanne Puchol (2013) et Catel (2014).

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Irmina raconte l’histoire vraie d’une jeune allemande partie en Angleterre dans les années 30, qui tombe amoureuse d’un brillant boursier d’Oxford originaire de la Barbade. Malgré ses rêves de liberté et ses espoirs d’indépendance, contrainte de revenir en Allemagne, elle y épouse finalement un architecte, officier dans la SS qui meurt à la guerre. L’Irmina idéaliste des débuts, la courageuse jeune femme scandalisée par le racisme dont est victime son amant noir, devient la mère au foyer aryenne portée par les ambitions de son mari, coupable et complaisante vis-à-vis du régime nazi. Veuve, elle mène après la guerre une existence discrète et tranquille à Stuttgart quand elle reçoit trente cinq ans plus tard une lettre inattendue de son ancien amant de la Barbade.

Barbara Yelin met ici en scène la vie de sa grand-mère, un héritage sublimé et soutenu par un dessin sombre aux traits vifs, où seule l’aquarelle semble illuminer cette existence grise. La mise en perspective de cette histoire familiale au regard de la tragédie de l’histoire, conduit surtout la dessinatrice à jongler avec honnêteté entre l’affection naturelle pour son personnage et la démonstration de sa compromission. Car Irmina était une femme libre de ses choix, très peu menacée par le système, une femme qui n’a jamais pris de risque, pas même pour réaliser ses rêves. Cette trajectoire dessine ainsi les contours d’une vie ratée, une vie où le « ce qui aurait pu » dégoûte de « ce qui a été », et résonne comme un avertissement contre la passivité et la résignation volontaire, montrant sans excuser la lâcheté d’un peuple en miroir de cette destinée. Un formidable roman graphique et un avertissement dont Artémisia souligne la valeur actuelle.

Lucie Servin pour l’Association Artémisia

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(Catel, Lauréate du Prix Artémisia 2014)

Charlie, Même pas mort! Artémisia avec toi!

La remise du Prix aura lieu le Mardi 27 janvier à la librairie La Hune à Paris à partir de 18h30, en présence de la lauréate et de notre marraine, Mylène Demongeot. 

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