Archives mensuelles : septembre 2009

La rentrée d’Artémisia 2009

Artémisia se veut apolitique, mais résolument solidaire des talents féminins, notamment de ceux en difficultés en raison du sexisme et des représentations dominantes (andro-centrées trop souvent). En situation de faiblesse sociale, donc facile à rabaisser, manipuler, exploiter, ignorer, humilier, piétiner…

Une phrase de Rimbaud est gravée sur notre blason, la voici: 

“Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme – jusqu’ici abominable – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi! La femme trouvera de l’inconnu! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres? Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses; nous les prendrons, nous les COMPRENDRONS”.

Arthur Rimbaud

La question de l’imaginaire féminin et de ses représentations, de sa part et de sa place, en fonction des origines sociales des artistes est donc, depuis la première seconde, au cœur du projet d’Artémisia dont le nom de baptême est emprunté à celui d’Artémisia Gentilleschi, première femme artiste répertoriée dans l’histoire de l’art, et qui paya le prix fort pour sa liberté et son talent (viol, procès, tortures, humiliations publiques, humiliations sexuelles, etc…).

Artémisia survécut au pire et devint une assez fine politique, ce qui lui permit de peindre jusqu’à un âge avancé.

Pour finir, quelques phrases tirées d’un livre de Pierrette Fleutiaux que je vous recommande: La saison de mon contentement, dans lequel il est question du rôle du féminin dans la course à la présidentielle.

– “Ce qu’il ne pouvait supporter c’est qu’une femme marche sur son territoire mental”

P. 321

– “La maison du féminin est au bout d’un si long chemin, cachée par tant de brouillards, et sur le chemin tant de fausses maisons apparaissent qui ne révèlent que des façades, ou s’effacent comme des mirages, des maisons murées qui n’ont ni porte ni fenêtre, des maisons bien meublées et aucun meuble n’a la bonne taille, des maisons pièges, et des maisons qui se défont sans crier gare.
Les femmes vont de maison en maison, s’installent dans l’une ou l’autre, bon gré mal gré font avec ce qu’elles trouvent. C’est incroyable tout ce qu’elles arrivent à faire dans ces maisons qui ne sont pas celles de leur être, elles peuvent tisser de la vie, dans le moindre recoin qui s’y prête, elles peuvent âprement défendre ce bien qu’elles ont trouvé, elle peuvent tourner le dos à ceux qui leur désignent des issues, elles continuent à tisser de la vie. 
O mes tisseuses, je ne sais que penser de vous; je suis chacune de vous, je suis l’être aux mille maisons, dont aucune n’est celle de son être, je suis l’être qui cherche sa maison. »

P. 314

Artémisia sera t-elle ma maison?

La vôtre à toutes (et à ceux qui nous aident) ?

Je l’espère.

Pour Artémisia par Chantal Montellier