Archives mensuelles : janvier 2013

Réponse de Chantal Montellier au sujet du prix artémisia 2013

Depuis la remise du prix artémisia à Jeanne Puchol, sur certains sites (BDSphère, bodoi…) les accusations de connivence vont bon train cherchant à décridibiliser ce prix 2013. Voici la réponse de Chantal Montellier, présidente de l’association.

On accuse le jury d’Artémisia, on m’accuse moi même de “connivence” , de “copinage”, de trahison de l’éthique, de la charte Artémisia. Jeanne Puchol à laquelle le prix fut attribué pour “Charonne Bou-Kadir” aurait été favorisée car co fondatrice du prix…

Sachez que, également cofondatrice d’Artémisia,  je suis profondément fâchée avec Jeanne Puchol depuis plusieurs années. La rupture au sein du groupe s’est très mal passée. Le conflit est grave, pas réglé. La fracture ouverte. Le jury actuel n’a plus rien à voir avec le premier, aucun des membres actuels, à une seule exception, n’est ami avec Jeanne Puchol. 

J’ai tout de même voté POUR son album car à mes yeux c’était tout simplement le meilleur: le mieux dessiné, le plus professionnel, le plus engagé, courageux, intelligent. Je peux développer, mais ça prendrait du temps et de l’espace.

Je suis, nous sommes un jury HONNETE, transparent. Nous ne sommes pas des magouilleurs. Si le travail de Jeanne Puchol a été reconnu c’est pour de VRAIES raisons. Nous avons pris le risque de nous retrouver sous le feu des critiques auxquelles, bien sûr, nous nous attendions, parce que nous ne voulions pas disqualifier un travail qui nous semblait le meilleur par peur de ces critiques. C’eut été un peu lâche. Nous assumons. J’assume. Bien à vous.  

Chantal Montellier (pas vraiment une reine de la magouille, je crois).

PS: Michel-Edourd Leclerc n’est plus notre “mécène” depuis belle lurette. Il ne le fut que très brièvement.

Le Prix Artémisia 2013 est remis à Jeanne Puchol

jeannepucholLe Prix Artémisia 2013 de la bande dessinée féminine est décerné à Jeanne Puchol, pour Charonne-Bou Kadir, (Editions Tirésias). Cette artiste majeure du neuvième art succède à Johanna Schipper, Tankxxx et Lisa Mandel, Laureline Mattiussi, Ulli Lust et Claire Braud respectivement lauréates en 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012.

Jeanne Puchol appartient à la génération des dessinatrices de bande dessinée pionnières qui ont dans les années 1980 ouvert la voie à l’expression féminine dans le neuvième art. Militante et engagée, depuis son premier album Ringard ! publié aux éditions Futuropolis en 1983, elle a depuis publié de nombreux albums, qui comme Le Poulpe ou Haro sur la bouchère ont affirmé son talent graphique et une indépendance inébranlable. C’est un honneur pour le jury d’Artémisia de récompenser aujourd’hui Charonne-Bou Kadir. Paru en cette année 2012, c’est un album d’une qualité rare, dans lequel la dessinatrice questionne à la fois son enfance et la tragédie historique qu’a constitué la manifestation du 8 février 1962 au métro Charonne à Paris à la veille des accords d’Evian qui mettent fin à la guerre d’Algérie. A l’heure des com- mémorations du cinquantième anniversaire de cette guerre, Jeanne Puchol signe un ouvrage exemplaire servi par un graphisme réaliste puissant en noir et blanc où la technique se met au service d’un récit à la fois personnel et historique nourri par une honnêteté morale et une rigueur documentaire irréprochable. Conciliant la sensibilité intime d’une grande artiste et la nécessité d’analyse des faits et des témoignages, Charonne-Bou Kadir réussit avec justesse à transcrire par la force des images ce que les mots ne sauraient dire forçant l’admiration et le devoir de mémoire. En bande dessinée, l’engagement politique, la subjectivité assumée et le sérieux historique de cet ouvrage donne de l’espoir face à une production féminine trop souvent cantonnée dans les stéréotypes et les modes qui scellent la place laissée à l’ex- pression de l’imaginaire féminin.Charonne C’est avec fierté que le jury d’Artémisia a choisi de récompenser cette œuvre, espérant également redonner à ce superbe ouvrage la place qu’il mérite. Edité au sein d’une collection destinée à des essais his- toriques dans un format peu conventionnel pour un album de bande dessinée, ce livre est passé relativement inaperçu au milieu de l’inflation d’une production de BD qui ne cesse d’augmenter. Ce phénomène jette injustement dans l’oubli des œuvres de qualité au profit des ouvrages mis en avant par des stratégies éditoriales commerciales. Jeanne Puchol mérite cette reconnaissance, et Charonne-Bou Kadir doit servir de modèle pour montrer ce que peut apporter la bande dessinée à l’Histoire et à la mémoire.

Artémisia

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