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Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme – jusqu’ici abominable – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi! La femme trouvera de l’inconnu! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres? Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses; nous les prendrons, nous les COMPRENDRONS”.
Arthur Rimbaud

LE PRIX ARTÉMISIA, POURQUOI ?

Parce que la création BD au féminin nous semble peu connue et reconnue, peu valorisée et éclairée, quelques arbres surexposés cachant la forêt des talents laissés dans l’ombre ou à l’abandon.Parce qu’un regard féminin sur la production BD nous paraît essentiel.Parce que se donner le pouvoir de reconnaître et non pas seulement de produire est un enjeu et un symbole des plus importants pour les femmes qui participent à cette aventure.Parce que la BD destinée à tous et largement diffusée, reste un média dominé par l’imaginaire masculin, qui véhicule des stéréotypes écrasants.Parce que les jurys, notamment pour les présélections (cf. Angoulême), sont généralement composés des seuls représentants du sexe dit fort.Parce qu’il n’y a pas de raison pour que seuls la littérature avec son prix Fémina, et le cinéma avec son festival de Créteil, aient droit à des espaces de légitimation et de reconnaissance au féminin.C’est pour toutes ces raisons (et quelques déraisons) que nous avons créé un prix qui distinguera un album scénarisé et/ou dessiné par une ou plusieurs femmes. Il sera décerné chaque année le 9 janvier.Pourquoi Artémisia ? Le personnage et le destin de la grande artiste italienne du XVIIe siècle, Artémisia Gentileschi, symbolisent à eux seuls ceux de la femme artiste (plasticienne) dans nos sociétés patriarcales, par-delà les temps et les régimes. Il nous a semblé utile et juste de rattacher ce prix qui honore l’image narrative féminine, à l’histoire plus large, plus riche et plus explorée de la création graphique au féminin. Ceci afin de ne pas risquer de nous retrouver enfermées nous-mêmes dans nos propres phylactères.
Et aussi : A la suite du déjeuner de presse du 10 décembre 2009, Thierry Lemaire pour actua BD donne la parole à Thierry  Groensteen et à Chantal Montellier, membres du jury : 

Un Entretien réalisé avec Chantal Montellier pour l’Humanité en janvier 2010: “Je suis pour une société vraiment mixte et cette mixité passe aussi par les imaginaires et les systèmes de représentations, par les images”

logoartémisia

PRÉSENTATION

«J’ai fait un rêve», moi aussi. J’ai rêvé d’une mixité des genres, notamment dans le domaine des images, quelles soient ou non narratives, de cinéma ou de bande dessinées.

C’est la décennie d’après 68 qui a amorcé un processus de féminisation dans la création visuelle. C’est elle qui a eu le mérite d’apporter quelques alternatives à la représentation dominante des sexes et des rapports de sexe, à l’écran et ailleurs. C’est cette décennie qui a permis de donner une voix à des personnages féminins différents des traditionnelles maman, vamp et putain.

C’est seulement après 68 que certains noms de femmes ont commencé à émerger. Un cinéma lié a ce qu’on ap- pellera dans les années 70 «le cinéma des femmes».

Par rapport à ce mouvement, la «bande dessinée des femmes», elle, reste à faire, même si les années 70 l’ont aidée à apparaître et à s’affirmer.

Aujourd’hui en France, si des talents féminins surgissent chaque jour dans le 9e art, ils sont hélas encore trop souvent prisonniers des représentations dominantes, comme on a pu, pendant cinq ans, en faire le constat au sein d’Artémisia. À l’heure où nous sommes, l’imaginaire et les images des femmes semblent toujours être à libérer, toujours à connaître et reconnaître. Nous y travaillons car il nous semble que l’émancipation des femmes passe aussi par la libération de leur imaginaire. Cela ne va certes pas sans risque puisque, comme l’écrivait la trop obs- cure Marie Bashkirtseff, artiste géniale morte prématurément : «La femme qui s’émancipe ainsi (par la création artistique), surtout si elle est jeune et jolie, devient immédiatement une créature singulière, remarquée, blâmée, toquée, et, par conséquent, encore moins libre qu’en ne choquant pas les usages idiots de la société.»

C’est contre ces «usages idiots», qui ne cessent pourtant de se reproduire, que veut se battre Artémisia, placée sous le double patronage de l’artiste caravagesque Artemisia Gentileschi et de la déesse des femmes, Artémis, qui veille avec arc et flèches sur les zones de passage et, nous l’espérons, sur celle-ci.

Chantal Montellier pour Artémisia

LA CHARTE DU JURY D’ARTEMISIA

Le jury du prix Artémisia resserre désormais sa sélection en se concentrant sur des albums réalisés intégralement par une ou plusieurs femmes.

. Il conserve un principe de sélection annuelle, de janvier à décembre inclus.

. Il annonce une liste d’une dizaine d’albums autour du 10 décembre.

. Le prix Artémisia est proclamé le 9 janvier, date anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir, et remis quelques jours plus tard.

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autoportraitAutoportrait, Artemisia Gentileschi (1593-1653).

Considérée aujourd’hui comme l’une des plus grandes artistes de la post-rennaissance, souvent comparée à Caravaggio,Artemisia n’a pourtant pas eu accès à l’enseignement artistique. Elle pratiqua son art dans l’atelier de son père et auprès d’Agostino Tassi, qui la viola. Ce traumatisme influença son œuvre.Après son décès, elle sombra dans l’anonymat. Ses œuvres furent attribuées à son père et à d’autres artistes masculins. Ce n’est qu’en 1991 qu’une première exposition lui fut consacrée à Florence.

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