
Le numéro 7 du magazine BDSphère intitulé « Au nom de la Femme » paru le 8 mars dernier consacre un numéro spécial à l’occasion de la journée internationale des femmes.
Dans ces pages on retrouve des articles consacrées aux pionnières de la BD féminine avec Claire Bretécher et Ah!Nana un magazine réalisé par et pour les femmes entre 1976 et 1978. Une expérience unique dans l’histoire de la bande dessinée.
L’association Artémisia est à l’honneur avec les chroniques des anciennes Lauréates avec La lionne, le dernier album de Laureline Mattiussi et Vertige de Lisa Mandel et Hélène Georges.
En prime, un éclairage et un hommage à Olympe de Gouges, figure révolutionnaire et féministe à l’occasion de la sortie de la biographie réalisée par Catel et José-Louis Bocquet.
Avec l’autorisation de l’équipe de BDSphère nous reproduisons ici le contenu de certains de ces articles. ICI
Ci-joint l’édito écrit par Lucie Servin sur www.bdsphere.fr
Femme debout ! A l’occasion de la journée internationale des femmes, BDSphère célèbre les créatrices du monde de la BD. Malgré une féminisation progressive et croissante, les auteures ne représentent que 10% de la production. Mais parce qu’il serait absurde de dresser les sexes les uns contre les autres, mettre en lumière la création au féminin est surtout une nécessité pour la construction et la promotion d’un imaginaire mixte. La position de la femme interroge la société et mérite sans cesse d’être questionnée au regard de l’égalité et de l’émancipation qui constituent les piliers de la démocratie en France, en Europe et dans le monde. La création relève d’un droit à l’expression fondamental et universel. La démarche n’est pas stigmatisante, car les deux sexes se complètent et s’affirment dans l’universalité. Les préjugés sommeillent et se réveilleront rapidement si la vigilance baisse. Nous protégeons les acquis et armons le futur en rendant hommage à celles qui refusent de rentrer dans les cases hormis celles qu’elles dessinent dans leur imagination.
Le militantisme artémisien
L’association Artémisia lance un appel militant à l’occasion de la journée internationale des femmes. Depuis 2008, chaque année le 9 janvier, date anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir, le Prix Artémisia récompense une jeune auteure de bande dessinée. La grande artiste de la Renaissance italienne Artémisia Gentileschi (1), à qui ce prix rend hommage, a été une des premières peintres reconnues de son temps à porter un point de vue féminin sur des thèmes picturaux réservés alors aux pinceaux masculins. Un patronage signifiant pour ce prix féminin de la BD. N’en déplaise aux détracteurs, qui déclinent selon le vieil adage de l’arroseur arrosé une vision stigmatisant la discriminée discriminante. Lutter contre la discrimination passe par la valorisation des différences. Car revendiquer l’imaginaire et la création au féminin est un impératif dans une société où seul le succès fait office de reconnaissance. En plus des sélections qui offrent un éclairage nouveau sur les parutions, les cinq lauréates brillent non par leur sexe, mais par leur talent et leur originalité, depuis Johanna Schipper (Nos âmes sauvages, 2008), Tanxxx et Lisa Mandel (Esthétique et filatures, 2009), Laureline Mattiussi, (L’île au poulailler, tome 1, 2010), Ulli Lust (Trop n’est pas assez, 2011), Claire Braud (Mambo, 2012). Des albums salués pour leur audace, à contre courant d’une BD commerciale et “girly” qui véhicule et conforte des stéréotypes d’un autre âge.
(1) Le musée Maillol, à Paris consacre une exposition à Artémisia Gentileschi du 14 mars au 15 juillet 2012.
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