Archives de Catégorie: Laureline Mattiussi

Les crayons de Laureline Mattiussi pour Amnesty International

êtrelàLaureline Mattiussi, notre Lauréate du prix 2010 et membre du jury d’Artémisia signe avec d’autres dessinateurs l’adaptation en bandes dessinées de reportages réalisés par le scénariste Christophe Dabitch. 

Fort de sa précédente expérience avec «Immigrants » (Futuropolis), entretiens dessinés et portraits de personnes ayant quitté leur pays pour la France, Christophe Dabitch a poursuivi son voyage journalistique pour recueillir la parole d’une humanité bafouée, malmenée ou ignorée. Sur quatre continents, il a arpenté pendant un an ce chemin ponctué par les actions et les combats d’Amnesty International.

Avec d’autres dessinateurs (Jorge González, Laurent Labat, Benjamin Flao, Manuele Fior, Guillaume Trouillard, Sergio Aquindo, Damien Roudeau, Christian Durieux, Daniel Blancou, Gabrielle Piquet, Zeina Abirached, Michaël Sterckeman et Piero Macola), Laureline Mattiussi collabore dans le livre intitulé « Être là », qui, à travers 13 récits, ouvre à la réflexion sur ce que défendre les droits humains représente tant en France ou à l’étranger.

Disponible à partir du 6 novembre 2014, la soirée de lancement est prévu le 4 novembre 2014

-> Pour en savoir plus

Le mot d’Amnesty International :

Des trottoirs mémoriels de Buenos Aires à un lac asséché par les spéculateurs fonciers, d’un fleuve à la frontière gréco-turque aux couloirs de la mort dans les prisons japonaises, des ruines de Grozny aux camps de Roms de Grigny, du totalitarisme numérique de Big (Brother) Data aux victimes ivoiriennes de sociétés pétrolières criminelles, il a partagé et recueilli la voix de ceux qui se battent pour leurs droits et transforment leur statut de victime en celui d’acteur.

Un voyage journalistique et  graphique pour recueillir la parole d’une humanité bafouée, malmenée ou ignorée.  

La lionne, le nouvel album de Laureline Mattiussi

Laureline Mattiussi, lauréate du prix 2010 et membre du jury de l’association Artémisia signe le premier tome d’une trilogie, une orgie dans les bas-fonds de l’Antiquité.

La chronique de Lucie Servin sur www.bdsphere.fr

Laureline Mattiussi, l’aventure au féminin

Après son diptyque L’Ile au Poulailler, Laureline Mattiussi sort le premier tome de sa nouvelle trilogie intitulée La Lionne. Une épopée dans les bas-fonds d’une Rome décadente et licencieuse.

Mineur s’abstenir. Dans le paysage de la bande dessinée actuelle, Laureline Mattiussi détonne par son tempérament farouchement libertaire. Depuis son diptyque L’Île au Poulailler pour lequel elle avait reçu le prix Artemisia en 2010, la dessinatrice s’était lancée à l’abordage du récit d’aventure en mettant en scène une piratesse particulièrement cocasse. Malmenant le genre, inversant les rôles, ce récit audacieux renouvelait d’un seul coup les stéréotypes graphiques et littéraires en s’appropriant avec humour le mythe du flibustier revisité au féminin. Laureline travestit, transforme tout en gardant l’essence, la violence, le chacun pour soi et la liberté à tout prix. Aujourd’hui dans un autre registre, elle récidive, plongeant dans le stupre de la “cloaca maxima” (le grand égout collecteur de Rome) pour mettre en scène la débauche de la société romaine du siècle de Cicéron. Sur le scénario d’un jeune auteur, Sol Hess, cette nouvelle trilogie emprunte à l’Histoire, rappelant cette Rome décadente de la luxure, de l’orgie et de la prostitution. Les riches s’ennuient et se payent les esclaves sexuels au moment où la ville entière, la plèbe en première ligne, est menacée par la peste. Dans ces scènes volontairement choquantes, les cases se délectent d’une description crue de partouzes géantes et bestiales, abreuvées d’ivresse. Les graphismes atténuent la dureté du propos. A 33 ans, artiste accomplie, iconoclaste et irrévérencieuse, Laureline Mattiussi a su très rapidement imposer son style caractérisé par un trait expressif, directement identifiable, qui emprunte sa précision à la ligne claire en associant à la douceur des courbes des corps le grotesque des expressions des visages. Elle a trouvé en Isabelle Merlet une complice pour sublimer son travail par la couleur. La coloriste procède par aplats, dégageant par le jeu de contraste les profondeurs ou les textures des cases. Dans ce méli-mélo corporel abject et obscène, Léa, la Lionne, est une des courtisanes les plus prisées de Rome.

Son maître Egnatius l’a loue au plus offrant avec des contrats d’exclusivité. Après le poète Catulle, discrédité par sa poésie au milieu d’un bordel hypocrite, Publius a déjà signé pour un an. Dans un décor qui reprend autant au Satyricon de Pétrone vu par Fellini qu’à l’étude très sérieuse de Catherine Salles sur les bas-fonds de l’Antiquité (1), la Lionne aux yeux verts pourfend les préjugés avec humour, imposant son autorité féline parmi les louves – du nom qu’on donnait aux prostituées à Rome et qui est d’ailleurs à l’origine du mot lupanar. Courtisée par tous, voluptueuse et manipulatrice, cette lionne n’a rien d’une esclave soumise et rappelle l’héroïne pirate du précédent dytique. Pire, emprisonnée, elle parvient à s’enfuir lorsqu’on la croit mère. Car derrière le dessin et les bulles volontairement licencieuses, cette femme qu’on vénère n’a que deux rôles à jouer ; la mère ou la putain, à l’image du rôle que cette société réserve aux femmes. Une ironie crue, violente et décalée comme les crayons de cette dessinatrice aventurière et audacieuse.

(1) Les Bas-fonds de l’Antiquité, Catherine Salles, Fayot.

La Lionne, Tome 1, Sol Hess et Laureline Mattiussi, Treize Etrange, 48 pages, 15,50 euros.

Le Prix Artémisia 2010 est remis à Laureline Mattiussi pour L’île au poulailler

Laureline Mattiussi, la lauréate du Prix Artémisia 2010

Après Johanna Schipper pour Nos âmes sauvage (Futuropolis) en 2008 et Tanxxx & Lisa Mandel pour Esthétique et filatures (KSTR) en 2009, le Prix Artémisia 2010 est décerné à Laureline Mattuissi pour L’Île au poulailler (Treize étrange).

– Talent en vue !a lancé du haut du grand mât la vigie d’Artémisia. Nos yeux se sont braqués sur un navire pirate arborant un pavillon du plus beau noir, cette couleur qui dit-on contient toutes les autres.

A son bord, une femme aux longs cheveux nattés, couteau entre les dents et pistolet au poing, vêtue d’une chemise rouge et d’un pantalon flottant. Une nature forte, débordant d’audace et de courage. Chose inhabituelle, cette créature du diable navigue à la tête d’une bande de flibustiers! Dans les récits d’aventures maritimes les femmes sont le plus souvent prisonnières à fond de cale ou en proie à quelque état d’âme sur le pont du navire, la tête nichée au creux de l’épaule d’un beau capitaine.

L'île au PoulaillerLe jury d’Artémisia s’est immédiatement emballé pour cet album original dont le graphisme audacieux, énergique, dynamique ne s’encombre ni de détails ni de fioritures.

Les images de Laureline Mattiussi vont droit à l’essentiel. Le trait est fluide, souple, vivant : les corps et les visages sont expressifs, non sans parfois quelques outrances qui en font la puissance et la singularité. Nulle mièvrerie dans cet album. Aucune complaisance non plus à l’égard des lecteurs du sexe dit fort. Cette piratesse n’est pas là pour que le guerrier se repose, mais pour l’affronter, le défier. Ce n’est pas une jolie nana aux traits délicats, à la bouche pulpeuse, à la taille de guêpe et à la poitrine opulente. Non, c’est une chef de meute mal fagotée dans des vêtements d’homme trop grands et qui se présente toutes griffes et dents dehors.

Notre “héroïne”, enfin, ne va pas à l’abordage des seuls navires, mais également des matelots qu’elle trousse et détrousse, séduit et abandonne gaillardement.

Nous avons à faire à une femme libre et téméraire, une guerrière de la mer, comme on les aime chez Artémisia. Les dialogues sonnent juste et le rythme du récit, tout en voguant agréablement au fil des vignettes, nous tient en haleine jusqu’à la dernière bulle.

Le tout est servi par un bel et grand album de 80 pages et par un papier mat sur lequel les couleurs en aplats de la maitresse d’équipage Isabelle Merlet font merveille.

Il nous est souvent arrivé de penser au Pravda et au Jodelle de feu Guy Pellaert en lisant cet album.

Ce récit se déploie sous la plume d’une jeune dessinatrice, Laureline Mattiussi, qui n’a produit qu’un seul album avant celui-ci mais nous semble déjà faire preuve d’un grand savoir-faire et d’une parfaite maîtrise de son art. Nous attendons le deuxième tome de cette aventure avec impatience.

Captain Laureline, Artémisia te salue et te souhaite bon vent!

Le site de Laureline Mattiussi

Le prix Artémisia de la bande dessinée féminine a été remis mardi 12 janvier. Voici quelques photographies de l’évènement.

La remise du chèque de récompense de l’association Artémisia à Laureline Mattiussi, par le mécène Michel-Edouard Leclerc.

Chantal Montellier fait le clown..