
Au mois de mars est paru ce recueil de courts récits sur le thème des bonnes manières. Sur les dix auteurs réunis par Thierry Groensteen, directeur de la collection l’An 2 chez Actes Sud, cinq sont des femmes. Un souci de parité suffisamment rare en bande dessinée pour être salué ! Et à porter au crédit de Thierry Groensteen : lorsqu’il dirige l’éphémère collection « Histoires graphiques » chez « Autrement » dans les années 90, il a déjà le souci qu’une femme apparaisse parmi les auteurs de chaque album collectif thématique de la collection. Quelques années plus tard, lorsqu’il crée sa propre maison d’éditions, il affole le petit monde du neuvième art avec une collection réservée aux femmes : « Traits féminins ». Des auteures confirmées comme de jeunes auteures inconnues du public ou traduites pour la première fois en français y trouvent une place de choix : Jeanne Puchol, Johanna (sous le pesudo de Nina), Anne Herbauts, bien connue pour ses illustrations jeunesse, mais aussi la Tchèque Lucie Lomovà, l’Allemande Barbara Yelin, l’Espagnole Sonia Pulido, la Finlandaise Kati Kovacs, la Hollandaise Gerrie Hondius, l’Anglaise Simone Lia, l’Américaine Gabrielle Bell…
Mais revenons aux présentes « Bonnes Manières ». Conçues ironiquement sur le modèle des traités de savoir-vivre, les nouvelles réunies dans cet album abordent de manière décalée les bonnes manières dans différentes occasions.
Quelques extraits :

Renouant avec le ton de « Dessous troublants » (Futuropolis, 1987), Jeanne Puchol, une des fondatrices d’Artémisia, y traite avec noirceur et ambivalence des bonnes manières aux enterrements.

Sandrine Martin, déjà publiée aux éditions de l’An 2 (« Le souterrain », livre illustré sur des textes de Xavier Gélard et « L’œil lumineux », tout récemment sorti) a choisi le ton du conte avec « Un loup bien élevé ».

Gabrielle Piquet, dont le jury Artémisia avait remarqué le beau premier album « Trois fois un » (adaptations de nouvelles de Tonino Benacquista parues en 2007 chez Futuropolis), signe « Les bonnes manières… au bureau », étude grinçante d’une journée de travail dans un centre d’appel.
Natacha Sicaud, dont on a déjà repéré le trait élégant dans des collectifs (Requins Marteaux, Choco Creed, L’Association) ironise avec acuité sur « Les bonnes manières… dans le métro ».

Barbara Yelin, auteure de deux albums parus aux éditions de l’An 2 (« Le visiteur », dont le dessin charbonneux fait penser au grand artiste William Kentridge, et « Le retard ») nous livre un « Rendez-vous surprise » à la fois tendre et désabusé.
Quant aux cinq hommes présents, il s’agit d’Edmond Bauduoin, Ludovic Debeurme, François Ayroles, Anthony Pastor et Benoît Jacques.
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